Saturday, February 27, 2016

Nouveau Mexique (6) : Un village nulle part


Un de ces villages mystérieux de la 66...



Achetez votre maison derrière un buisson, pour l'ombre. 



Le ciel dans un jardin



Même la maison se cache derrière les arbres



Là non plus, toutes les maisons ne sont plus habitées. 



La place principale du village. 



Et au milieu de la place, en plein centre du village : l'église. 



L'église, de dos. 



Les fils électriques s'en vont au fond du désert, raconter qu'il ne se passe rien par ici. 



La baraque de Samuel.



La cabane de Joe.



Le truck de Kevin. 



Le Nouveau Mexique vert : le village est né au bord d'une rivière. 



Vaches néomexicaines. 



La rivière, rendue rouge par la terre locale. 



Le pont intraversable, car il lui manque des planches. 



La rivière. 



Entendez-vous des "meuh" sous le soleil ? Sentez-vous la bouse ?



Jardin d'un arbre plus sec que les planches de la barrière. 



Soit les gens connaissent bien la route, 
soit ils ne la prennent jamais.



Flanc grillé des collines. 



37, Camino Lago, 87701 Lost village NM Etats-Unis d'Amérique



Des perspectives à faire rêver les réalisateurs de westerns, ou à faire songer à l'Arizona. 



Chevaux du Nouveau Mexique. 



Entrée de ferme.



Le chien du voisin, qui nous a suivi dans la promenade, sans doute étonné de voir des têtes nouvelles, de flairer de nouvelles odeurs. 



La sortie du village. 



Dernières maisons le long de la route. 



Dernières maisons le long de la route. 



Le haut de la colline et la fin du village.



Wednesday, February 24, 2016

Nouveau Mexique (5) : Las Vegas


Las Vegas, Nouveau Mexique



En route vers un autre Las Vegas (avec moins de casinos et de nightclubs)



La preuve qu'il existe 
(ne le répétez pas pour la réputation de ce blog, mais c'était sur une poubelle).



Yeah.



Le Bellagio ? Ah non pas tout à fait. 



Quelques ingrédients du nouveau Mexique : 
un vieux mur rose, des couleurs sur du bois sec, un sol aride. 



Le saloon de Las Vegas



Excalibur ? (Private joke pour les connaisseurs de Vegas)



Rue principale de Las Vegas.



Camion à vallons, ruisseaux et flash floods. 



Toujours Main Street.



Petit air canadien ? C'est l'effet couleur rouge.



Les maisons de Vegas.



Maison de Las Vegas. 



Autre maison de Las Vegas. 



Le Strip. 



Maisons-caravanes, qui semblent une des particularités du Nouveau Mexique. 



Maisons-caravanes. 



Beau résumé des couleurs du pays : vert, rouge, blanc, bleu. 



Adieu Vegas ! C'est promis, je dirai bonjour à ta cousine de ta part. 



Wednesday, February 17, 2016

Nouveau Mexique (66-28) : Las Vegas dans les vallons



     Le désert, dans lequel nous ne finissons pas de nous enfoncer, est intéressant en cela qu’il n’est pas un désert : il est plein de sa végétation frisée, sèche mais verte sur sa terre rouge. Ce désert est parfois découpé par des lignes barbelées, qui remplacent les barrières de métal du Texas (et, je le rappelle, les charmantes petites clôtures blanches épousant le relief des vallons du Missouri !). Le Nouveau Mexique a donc ses ranchs, quoique on y voie moins d’animaux paissant qu’au Texas, qui demeure plus vert. En fait, on se demande parfois l’utilité de ces délimitations de territoire au milieu du vide, puisque l’homme ose rarement y laisser mourir son bétail : question de principe, de sacralité de la propriété privée aux États-Unis ? Les plaines sont-elles plus vertes en hiver ? Est-ce la possibilité de ressources souterraines ?

     Il faut s’enfoncer un peu plus dans l’État pour en saisir les nuances, soit plus fertiles, soit plus arides encore.

     A ce moment, la route, qui était droite, se tortille et se glisse dans tous les sens autour des collines. Il y a une raison claire à cela : sur cette portion, la route servait à relier les villages entre eux ; ces derniers se trouvaient alors en plein sur le Main street of America, une aubaine pour ces bourgades retirées. Bien sûr, cet effet du passage de la 66 s'est annulé avec l'abandon de la route en 1985, et surtout, dans les années 60 et 70, à cause du développement du freeway, l'autoroute moderne, qui ne peut se permettre de passer dans les villages isolés. Ces derniers, donc, ont retrouvé leur calme, mais ils bénéficient toujours d'une route bien entretenue qui les relie à la civilisation du XXIe siècle.

   Ces villages jetés entre les arbres et les rochers d’une colline ne s'alimentent pas seulement par la route, mais aussi par la rivière, qui sont sans doute la raison de leur établissement par ici. Les berges verdoyantes contrastent étonnamment avec le climat sec alentour, à la manière d'une oasis dans un sahel américain. Elles nourrissent le bétail, les vaches qui paissent sous un arbre garni, quelques chevaux, sous l’œil du chien du village, lui vieux et fatigué d'ennui, qui semble s'affadir autant que les vaches ont l'âme molle. Quand nous descendons explorer ce silence et ce vide, il nous suit, curieux, ou suppliant, dans les recoins du village : « Voyageurs ! Emmenez-moi ! Ce pays est vide et les croquettes y sont rassies, sous l'effet du soleil ! » Mais supporterais-tu, ô chien, dans le monstrueux Los Angeles, la ville à perte de vue, le vent dans les décapotables et l'intact parfum hollywoodien des toutous californiens ? Crois-nous, la fraîcheur d'une rivière et la caresse du soleil valent bien plusieurs vies de pet sitting à Beverly Hills ou de séjours de luxe à l'animal hospital plus chers qu'aucun de ceux que tes maîtres pourront jamais payer pour eux-mêmes.




    Ces villages minuscules, que l’on voudrait appeler des hameaux et qui font concurrence à l’éparpillement des communes dans les provinces françaises, contiennent pourtant leur Poste et leur place de parking pour les handicapés. Toutes les maisons sont groupées autour d'une église, dans un vieux style espagnol, avec sa place et son cimetière. On dit que certaines de ces églises appartiennent à d'anciennes missions, datant parfois du XVIIe siècle, une sorte de préhistoire ou d'antiquité américaine. Entretenues et résistant aux siècles, elles tiennent bon et semblent rappeler que le Christ vous attend, encore au milieu du désert, ou peut-être surtout là.

     Les maisons sont souvent des pierres qu’on a entassées en forme de murs sous un toit de taule : la caillasse ne manque pas dans ce désert pierreux, où les rocs rouges tombent des montagnes comme les feuilles à l’automne dans les pays à saisons. (Le tout est de se trouver un Blue Hole ou une rivière pour fonder une bourgade qu’on abandonnera le plus tard possible.) Sur la place, les auvents de bois invitent aux siestes, mais l'absence est seule à les occuper, depuis que les habitants sont peut-être partis, ayant oublié où était leur maison. Où ça ?

     Cependant, chose improbable mais non impossible, puisque nous nous trouvons non seulement dans un pays où le ridicule fait vivre, mais aussi plus précisément dans un Etat d'enchantement, une ville dont la rumeur traverse les océans, les frontières et les écrans de télévision s'offre bientôt à nos yeux : la fabuleuse Las Vegas. Pourtant, ce n'est pas la Vegas du fameux panneau (« Welcome to fabulous Las Vegas, Nevada »), de la chanson d'Elvis ou des Very Bad Trips (que Dieu merci je n'ai jamais vus) ; ce n'est pas non plus un remake du petit Vega du Texas. C'est un autre Las Vegas, homonyme, mais sous forme de village (de même qu'on trouve, à quelques kilomètres de Santa Fe, un Madrid de 150 habitants). Les seuls points communs entre les deux Vegas, si l'on veut à tout prix en trouver, ce sont les voitures immenses (mais limousines d'un côté, high wheel trucks de l'autre), les hôtels le long de la route (de standing différent), le saloon et le KFC qui peuvent rappeler l'entertainment du Nevada, avec beaucoup d'imagination et si l'on veut s'économiser un voyage si loin. Pour éviter de confondre les deux, je propose donc le toponyme de Las-Vegas-dans-les-Vallons.

     En effet, on est ici bien loin du Venezian ou du Bally's, ou même des simples quartiers résidentiels de Vegas, qui ressemblent à ceux de toute grande cité américaine, à ceci près que leur eau est puisée dans un désastre écologique. Las-Vegas-dans-les-Vallons est plein de mobile-homes sédentarisés à l'aide de quelques parpaings, qui ont fini par s'intégrer dans le tissu urbain. Les habitants, que l'on croise un peu plus que dans les villages précédents, sont suivis par leur queue de cheval et leurs joues piquent de poils roux, blancs ou jaunes, ou d'un mélange des trois, pas toujours bien rasés, mais c'est pour le charme. Ces gringos par le sang ne le sont plus ni par la peau, ni par l'âme : descendants de cow-boys venus goûter vallons et vallées solitaires aux frontières des pays qui parlent espagnol, ils sont une sorte de Mexicains blancs, d'Américains sous le soleil du Sud.

    Après ces observations ethnographiques superficielles et nos hommages rendus au KFC (car nous aimons la couleur locale), nous suivons les panneaux bilingues anglais-espagnol (si, si, ils sont aussi en anglais) pour enfiler les montagnes russes de quelques collines rouges supplémentaires.






Wednesday, February 10, 2016

Nouveau Mexique (66-27) : Jusqu'au fond du trou bleu



     On the road again. Toucher le volant me fait entendre la musique d'un générique de film aux airs de ZZ Top, par un mécanisme secret de correspondances baudelairiennes. Les guitriques électares graves et saturées, mais aussi lentes, pleines de souvenirs de blues, accompagnent cette conduite si fluide sur une route qui semble se dérouler pour nous comme un tapis sur la terre rouge et les dernières herbes sèches du désert. Tranquilles, paisibles, avec un profond sentiment de liberté qui ne veut pas s'arrêter et ne le pourra jamais (pour dire, à l'heure actuelle, il crie encore dans mon cœur!), nous descendons ces étendues immenses, sans fin, dont la surface et la lumière semblent égaler celles du ciel. Nous n'étions nulle part, notre voiture avançait doucement sur la carte, et la vie n'était pas ailleurs que là où nous nous trouvions, infinie, profonde, éternelle. Je pense que si je meurs un jour, et que je devienne un fantôme, j'irai hanter une maison abandonnée au Nouveau Mexique, pour me rappeler ces instants, et faire peur aux touristes qui profiteront des successeurs d'Air BnB.

     Le train ! Le train ! Une autre route 66 se dessine, en rails, le long de la nôtre, rejoint nos paysages et partage la vue. Train jaune et bleu, comme tu vas vite et que tu es long ! Nous ne le savions pas, alors, mais c'était le début d'une longue course qui n'allait pas finir avant la Californie. Au milieu des plaines de terre rouge à la végétation désertique s’encadrant de massifs montagneux qui rappellent les falaises de Monument Valley, ou plus simplement du fond sur lequel systématiquement les réalisateurs de westerns font courir les diligences, nous avions trouvé notre compagnon de route.




    Ce dernier, bien sûr, ne nous accompagne pas longtemps, étant donné sa vitesse et la grandeur des rêves qui l'animent, lui aussi (car comment ne pas penser au jeune Bob Dylan, qui voyageait clandestinement sur les trains de marchandises?). Il nous laisse dans les dernières maisons de Tucumcari, qui sont un pâté de maisons isolé du reste, au bord des rails, au milieu du désert. Quelques-unes, encore, ne sont pas abandonnées, et servent sans doute à la famille (mexicaine, donc grande) du gérant de la station-service, encore en fonctionnement. Les gros pick-ups semblent méditer sur la vastitude des étendues, avant de repartir faire du bricolage ou du business, ou les deux, à travers l'Etat. On trouve encore des jardins, à demi sauvages et résistant à la sécheresse (les quelques nuages, quelques averses que nous apercevons derrière les falaises nous font penser qu'elle n'est pas perpétuelle). Une ou deux fleurs, comme celles qu'on voit dans les prairies des bandes dessinées de Morris, à la fois drôles et charmantes. Mais il était temps de s'enfoncer dans d'autres plaines, plus profondes, et de rejoindre une autre fleur, celle de Santa Rosa.

     A ce stade de l'itinéraire, la route 66 se divise en deux parties : l'une s'en va tout droit, et coupe l'Etat en deux ; l'autre, la boucle de Santa Fe, vous emmène au creux des vallons, des canyons secs, craquelés, et des villages ignorés du monde, presque de leurs habitants (et à la touristique Santa Fe). Juste avant la bifurcation, Santa Rosa est le premier de ces villages, du moins il a le style d'un village, avec ses maisons basses, roses ou ocre, son calme et le flegme de ses habitants. Ses rues quadrillées rappellent le plan des villes américaines, et à mesure que nous montons et descendons les collines dont elle est bossue, il est difficile de ne pas imaginer des films de gangsters, des affaires louches au coin des rues, des westerns contemporains, malgré le calme et le soleil, ou à cause d'eux.

     Santa Rosa, je pense, est née du trou bleu, le Blue Hole que l'on trouve quelques pas sous la ville. Cette bizarrerie, cette couleur improbable dans le désert quand il ne s'agit pas du ciel, est une petite mare à l'eau claire, à ceci près qu'elle fait 25 mètres de profondeur. Ce qui fut probablement un réservoir d'eau bien pratique en ce lieu de la terre sert désormais de piscine aux enfants de la ville. Les jeunes Mexicains viennent y sauter d'un rocher de quatre mètres de haut, rire et crier (caramba!) dans la fraîcheur des 15 degrés. Pour le comparer à la piscine du Motel 6, nous garons Denise le temps d'un plongeon. Verdict : l'eau du motel a un peu plus de chlore. Même si nous ne sommes pas parvenus à atteindre le fond, nous avons goûté à notre première communion avec l'Elément Naturel, le chamanisme n'est jamais loin.


     Jusque là, dans mon esprit, le Nouveau Mexique avait été associé à deux références, et je ne connaissais rien d'autre à son sujet. La première, les essais atomiques dans le désert (heureusement, nous n'avions pas décapoté, au cas où), qui montrent bien que le Nouveau Mexique est un État relativement vide. Ces essais, néanmoins, ont lieu un peu plus loin que la 66, dans un désert de sable blanc, qui peut rappeler la Vallée de la Mort, les plages de Carmel ou le sel La Baleine en plus radioactif. Je les soupçonne en tout cas d'être à l'origine des soupçons de descentes d'ovnis sur la planète Terre : franchement, les trous dans le sol et les objets volants non identifiés étaient-ils des éléments suffisants pour créer un musée des extraterrestres ? La deuxième référence que je possédais du Nouveau Mexique était plus récente : rappelez-vous, c'était l’État des États-Unis que n'avait jamais dépassé de sa vie le grand-père alcoolique du motel de Wilmington dans l'Illinois, au début de notre voyage. De son point de vue, comme un peu du nôtre, nous étions donc au bout du monde. 



Popular Posts